La notion de responsabilité sociale de l’entreprise (R.S.E.) consiste en des politiques mises en œuvre par l’entreprise en faveur de parties prenantes extérieures à celle-ci, comme des actions de protection de l’environnement ou de développement d’un quartier défavorisé. Cette étude est l’une des rares à s’intéresser à la psychologie de la R.S.E., c’est-à-dire à la manière dont la R.S.E. a un impact sur les attitudes et comportements au travail des salariés. Selon nos résultats, une entreprise qui s’engage dans une politique de responsabilité sociale a en effet un impact positif sur l’engagement de ses salariés. Ce qui est notable, c’est que cet effet est positif au-delà de l’intérêt personnel que les salariés pourraient avoir dans la R.S.E. (comme par exemple une meilleure image de l’entreprise dont ils bénéficieraient ensuite). C’est-à-dire que les salariés ont une motivation altruiste qui explique le lien entre la politique de responsabilité sociale et leur engagement. Ce que nous montrons également c’est que cet effet est très différent selon le profil psychologique des salariés. De façon inattendue, ce sont les salariés les plus individualistes dont l’engagement au travail est le plus positivement affecté par la R.S.E.. Et cela d’autant plus qu’on leur laisse une grande autonomie dans la mise en œuvre de cette politique. Pour ce qui concerne les salariés les plus collectivistes (qui ont une vision d’eux-mêmes comme étant membres d’un groupe, c’est-à-dire en lien fort avec le collectif de l’entreprise), ils sont moins motivés par la R.S.E. Et leur engagement est positivement affecté par la R.S.E. uniquement si c’est une politique obligatoire de l’entreprise et qu’on ne leur donne pas le choix dans la manière de l’appliquer. Il se pourrait que paradoxalement, les personnes les plus collectivistes et donc orientées vers les autres préfèrent que l’on s’occupe d’abord des salariés de l’entreprise avant de s’occuper des autres parties prenantes extérieures alors que les personnes les plus individualistes seraient très motivés par la R.S.E., en particulier quand ils ont une grande autonomie dans sa mise en œuvre. L’une des caractéristiques fortes de cette enquête est qu’elle a été menée auprès de 673 salariés appartenant à cinq pays différents représentant trois continents et que les résultats sont apparus remarquablement consistants.