L’étude vise à comprendre d’une façon nouvelle comment chacun juge ce qui est juste ou injuste au travail. Comme toutes les études sur ce thème depuis les années 1960 ont montré que le juste et l’injuste pilotent fortement les comportements des gens, on a décidé de décortiquer comment ça se passe dans leur cerveau et dans leur coeur. Ce qu’on a trouvé ? C’est assez innovant par rapport à ce qu’on savait jusqu’à présent : les gens computeraient leurs sentiments du juste et de l’injuste selon trois axes : d’abord un axe économique classique (est ce que ce que je reçois est cohérent avec ce que je fournis comme effort) et ensuite deux axes qui n’avaient pas été identifiés jusqu’ici : un axe relié à la tâche et un autre relié à la relation. Il y a donc en plus de la zone mentale où l’on calcule si la rémunération est juste une zone pour juger de ce qui est juste par rapport à la mission que je réalise (par exemple : est-ce que j’ai les moyens de faire ce qu’on me demande ?) et une autre zone qui concerne ce qui me semble juste dans la relation avec l’autre au travail (par exemple : est ce qu’il m’apporte un soutien émotionnel ?). On montre aussi dans cette étude que les axes que l’on a trouvés diffèrent légèrement selon que les gens se posent la question du juste par rapport à leur responsable ou à leurs collègues. Ce que j’aime bien dans cette étude, c’est qu’on a utilisé plusieurs méthodologies différentes, mêlant notamment le qualitatif (62 interviews approfondies) et le quantitatif (deux vagues de questionnaires psychométriques avec 228 et 458 salariés), ce qui nous rend confiant sur nos résultats.